C'est ce que Le Soleil a pu apprendre lors d'une visite effectuée avec l'équipe des Constructions Immoval, promoteur de la "maison concept H3E" (pour Haute efficacité énergétique, écologique et esthétique).

En compagnie de la conceptrice Mélanie Pothier et de François Jean, gérant de projet, le président Claude Fortin nous a expliqué les différentes particularités qui permettront à cette résidence, qui compte 4000 pieds carrés de surface habitable, de bénéficier d'économies d'énergie de 60 % à 80 % comparativement à une maison conventionnelle.

Sommairement, le chauffage et la climatisation de la résidence seront garantis par une pompe géothermique qui extrait la chaleur emmagasinée dans le sol, de même que par un système de chauffage radiant et par l'énergie solaire, explique Claude Fortin. Des foyers à faibles émissions polluantes seront utilisés comme chauffage d'appoint.
 

C'est dans ce panneau électrique sophistiqué que sera acheminée l'énergie transmise par les capteurs solaires.

(Photo Le Soleil - Dennis Morin)

La maison sera également alimentée en électricité par l'entremise d'une éolienne domestique, d'une part, de même qu'avec l'énergie captée à l'aide de panneaux solaires situés sur le toit. Cette énergie pourra être emmagasinée et convertie pour les besoins domestiques.

Cette pompe géothermique est en mesure de récupérer l'énergie conservée dans le sol. (Photo Le Soleil - Dennis Morin)


De plus, on envisage la récupération de la chaleur contenue dans les "eaux grises" (baignoire, lave-vaisselle) pour la transférer au réservoir d'eau chaude.

En plus de ces qualités énergétiques, la maison H3E comportera différents dispositifs innovateurs en terme d'environnement. Entre autres, on y utilise du bois structural, conçu avec un matériel qui nécessite trois fois moins de bois provenant des forêts.

Cette image donne une idée des concepts éco-énergétiques utilisés dans la maison H3E.


L'alimentation en eau sera répartie en deux réseaux. Le réseau municipal d'un côté, qui servira pour la consommation et l'hygiène personnelle, de même que des bassins de récupération de l'eau de pluie, qui sera destinée à la cuvette de même qu'au système d'irrigation extérieure. La consommation d'eau potable devrait ainsi en être réduite de 70 %.

D'autres équipements seront également destinés à des activités de compostage orientées sur deux volets, solide et liquide.

Bien sûr, différentes composantes de la résidence ont été choisies en fonction de leur efficacité énergétique, comme les fenêtres à haut rendement énergétique ou encore l'isolation de norme R-2000. Même le pavé uni extérieur sera écologique, grâce à un système de captation des contaminants.

Un modèle pour l'avenir
"Cette maison ne représente pas une sorte de délire technologique, précise Claude Fortin, mais un signal des nouvelles façons de faire dans la construction domiciliaire, afin de mieux répondre à nos besoins et nos préoccupations. On veut en faire un véhicule d'information pour le consommateur, et faire en sorte qu'elle devienne plus accessible."

C'est d'ailleurs pour cette raison que ce dernier a tenu à s'entourer d'une équipe de jeunes professionnels pour mener à bien ce projet. "La moyenne d'âge des gens qui participent aux différentes phases de la construction est de 27 ans, dit-il; des gens qui sont ouverts à faire les choses différemment."

Plus de 25 partenaires participent également au projet, comme des entreprises reliées au domaine de la construction et des agences ou sociétés gouvernementales.

Le projet s'inscrit au Programme de recherche et développement de Ressources naturelles Canada, alors que Hydro-Québec y voit un excellent partenaire dans le cadre d'un nouveau programme d'autonomie énergétique, par lequel elle pourra racheter les surplus d'électricité générés par l'habitation.

L'immeuble de style ancestral anglais mettra aussi à l'épreuve un nouveau concept de domotique, pour une gestion informatisée de ses différentes composantes, notamment à l'aide d'écrans disposés en différents endroits.

La maison H3E constituera un site expérimental par lequel ses promoteurs tenteront de mesurer et de valider l'efficacité des différents systèmes qui la caractérisent, face aux conditions environnementales qui l'entourent à cet endroit.

Le projet devrait être complété vers la fin du mois de mars, et la maison sera alors ouverte à la population de même qu'aux entrepreneurs en construction qui voudront en apprendre davantage sur ses avantages éco-énergétiques.

Celle-ci fera d'ailleurs l'objet d'un documentaire réalisé par la Commission de la Construction du Québec, visant à mieux informer les travailleurs de la construction sur ces nouvelles technologies.

"Avec la crise de l'énergie qui nous pend au bout du nez, le réchauffement de la planète et la hausse anticipée des tarifs d'électricité, l'avènement de ce type de maisons se produira beaucoup plus rapidement qu'on le pense. D'ailleurs les Européens possèdent une nette avance sur nous à ce niveau", estime Claude Fortin.